REVUE DE PRESSE : BIBLIOTHEQUES — Mots & Merveilles

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OSER – Premiers pas à la médiathèque

Aujourd’hui en France, certains n’osent pas pousser la porte de la médiathèque à cause de leurs difficultés de lecture. Pourtant, une fois le seuil franchi, le lieu leur devient indispensable.

La moitié des personnes que l’association accompagne est aux portes de l’exclusion et les livres ne sont pas leur priorité ; la biblio- thèque n’est pas un lieu où elles se rendent spontanément. En effet, elle les renvoie face à leurs difficul- tés, les rayons leur paraissent immenses et interminables, les livres et leurs contenus inaccessibles. Il leur faut désacraliser le livre et à l’associa- tion Mots et Merveilles, nous ne manquons pas d’actions ni d’astuces et encore moins de partenariats pour le faire : associations culturelles et artistiques, musées, théâtres, médiathèques, écoles… Les adultes que nous accompagnons ont pu rencontrer le personnel de bibliothèques et échanger sur l’organisation des documents. Les adultes plus fragiles, plus timides ont été accompagnés par des bénévoles pour décou- vrir la médiathèque de leur commune et se familiariser avec le lieu et les salariés. Daniel et Joëlle n’étaient jamais entrés dans la médiathèque. Daniel ne se sentait pas concerné et pour Joëlle, c’était un enfer. Qu’allaient-ils faire dans une médiathèque alors qu’ils ne savaient pas lire ? C’est grâce aux actions culturelles telles que « La Semaine de la Langue Française et de la Francophonie », « La Semaine des Droits de l’Enfant », « Histoires de lecteurs », « Contes en Médiathèques »… que Daniel et Joëlle ont osé pousser la porte de la médiathèque : « j’y étais allé par curiosité lorsque la nouvelle médiathèque a été construite, pour visiter un nouveau lieu, et parce que tout le groupe et ma bénévole y allaient », nous dit Daniel. Tous deux remarquent la même chose, une fois la porte poussée : un espace confortable, accueillant, un lieu rassurant, des rayons bien rangés, un personnel à l’écoute et pré- sent pour aider. Il faut dire qu’à la médiathèque d’Aul- noye-Aymeries, la responsable a su s’inves- tir et s’adapter aux publics les plus éloignés de la lecture en proposant régulièrement des actions de familiarisation et un rangement des documents allant du plus facile au plus difficile, pour ne pas infantiliser les faibles lecteurs et non-lecteurs adultes. Aujourd’hui, ils y vont régulièrement pour trouver des livres précis, sur des thèmes qui les intéressent. Daniel y vient pour lire la presse mais avoue que c’est compliqué car les caractères des journaux sont trop petits. Joëlle apprécie des livres qui parlent d’his- toires qu’elle a vues à la télé. Elle se rend à des évènements culturels qui sont proposés : théâtre de petites formes, public assis autour de la scène, à proximité des acteurs. « C’est cool ! » dit-elle. Le lieu ne leur fait plus peur, ils l’ont apprivoisé, Joëlle y amène ses enfants le week-end.

Quant à Marie, ancienne apprenante de Mots & Merveilles, elle est devenue un véritable petit rat de bibliothèque. Aujourd’hui, elle fréquente deux médiathèques et dans l’une d’entre elle, elle possède plusieurs comptes qui lui permettent d’emprunter jusque 70 livres par semaine. Pour se retrouver dans la gestion des emprunts et pour éviter d’être bloquée, elle tient un journal numérique où elle note toutes les dates de retour. Une fois leur peur levée, ils ne s’interdisent plus rien. Marie a lu l’intégralité du rayon poésie. Sa faim de lecture est sans limite. En empruntant les cartes des uns et des autres, elle a lu depuis 2009, plus de 2800 livres. Joëlle, quant à elle, vient d’emprunter les trois tomes des Misérables. Si elle n’a pas fini de les lire, le bibliothécaire lui en laissera le temps. Il le lui a promis !

Caroll Weidich

Publié le 05/03/2019